Ki Tétsé - כי תצא
"II se peut que l'animal de ton frère s'égare ; si tu le retrouves tu n'as pas le droit de te dérober à ton devoir : tu as l'obligation de le ramener à ton frère. Et si jamais tu ne connais pas ton frère, ramène l'animal chez toi et garde-le jusqu'à ce qu'il soit réclamé."
C'est en ces termes que Moïse résume, en utilisant un cas pratique courant, notre devoir de respecter et de préserver la propriété d'autrui.
Remarquons qu'il ne se borne pas à énoncer notre devoir en l'occurrence. II ajoute une précision : " tu n'as pas le droit de te dérober " et il le fait même à deux reprises en l'espace de quelques versets.
Pourquoi ce conseil ?
C'est que le fond d'égoïsme que nous possédons tous en nous, nous incite bien souvent à " nous dérober ", à nous détourner, à faire semblant de ne pas voir, de ne pas savoir, afin de ne pas nous sentir obligé d'intervenir et de fournir un effort. C'est tellement plus agréable de ne rien faire, n'est-ce pas ? Surtout si, en faisant comme si on n'avait rien vu, on peut, de plus, se donner bonne conscience.
C'est pourquoi, notre maître Moise, qui connaît à fond la nature de l'homme, demande à son peuple, de ne pas jouer ce rôle hypocrite, de ne pas faire semblant, de ne jamais se détourner; mais au contraire de toujours voir et agir.
Agir signifie ici ; prendre soin du bien d'autrui, empêcher qu'il ne s'abîme ou se gâte. Agir signifie, de plus: faire tout pour protéger, respecter la propriété d'autrui scrupuleusement, que ce soit le bien d'un individu ou celui d'une collectivité.
Et si déjà nous n'avons pas le droit de nous dérober à notre devoir quand il s'agit seulement de protéger les biens matériels de notre prochain, combien plus ne pouvons-nous nous abstenir quand est en jeu la personne même de notre prochain, quand en particulier sa vie peut être en danger.
Mais il y a plus encore: s'il nous faut rendre à notre prochain, intact et préservé, un animal qu'il a perdu, sans avoir le droit de nous dérober, combien plus avons-nous l'obligation de lui faire retrouver, avec douceur et avec cœur, la foi qu'il peut avoir perdue.
Là, non plus, nous n'avons pas le droit de nous abstenir et de faire semblant de ne pas voir ni savoir.
Bref, face à notre prochain, il nous faut lutter contre le crime d'indifférence et être prêt à le servir, en toute occasion, sans jamais nous dérober.