'Houkat - חקת
La Paracha de la semaine débute par le sujet de la vache rousse et du processus qui l’accompagnait.
À l’époque où les notions de pureté et impureté avaient une implication (époque du Tabernacle et des Temples), une personne qui était impure suite à un contact avec un mort, ne pouvait redevenir pure que par aspersion des cendres de la vache rousse. Mais comment éclaircir ce processus ?
Tout d’abord, la Torah introduit le sujet de la vache rousse par le verset : « Voici le décret de la Torah » (Nomb. 19 :1). La loi de la vache rousse est présentée comme une loi totalement irrationnelle, dépassant la logique humaine, comme un décret.
Selon l’expression de Rachi sur ce verset : « J’ai émis un décret et tu n’as pas le droit de réfléchir à son sujet ». On a ici affaire à une loi où l’on ignore totalement la raison.
D’un autre côté, Rachi, après son commentaire du verset 22, propose une explication au nom du Rabbin Moïse Hadarchane, qui explique que la vache rousse vient réparer la faute du veau d’or. La mère, la vache, doit venir réparer la faute de son fils, le veau.
Nous sommes bien face à un paradoxe. D’une part, la vache rousse est totalement irrationnelle, sans raison. Mais en même temps, on nous dit qu’elle vient pour expier la faute du veau d’or, ce qui constitue en soi une raison. Comment concilier ces deux idées ?
Puisque la vache rousse fait réparation de la faute du veau d’or, il faut essayer de comprendre un peu mieux cette faute.
Les hébreux voulaient avoir une représentation de la divinité. Ils voulaient appréhender le divin et pouvoir le cerner. C’est pourquoi, ils se firent un veau d’or, qui représenterait D.ieu, et serait appréhendable. Ils ne voulaient pas se ‘‘contenter’’ d’une idée abstraite de D.ieu. Leur faute provenait en fait d’une certaine volonté de comprendre qui s’enracinait dans l’orgueil. Persuadés de leur grandeur, ils refusaient d’être mis à l’écart et pensaient qu’ils étaient aptes à saisir le divin. Ils pensaient être capable de concevoir une forme représentant au mieux le Créateur. N’est-ce pas audacieux et présomptueux ?Poussé par son orgueil, l’homme refuse exige : « Je veux comprendre ! Je veux voir ! Je veux appréhender ! » Il refuse d’accepter. Telle était leur erreur.
D’ailleurs, cette erreur était aussi celle d’Adam et Eve, les premiers êtres humains. Le serpent les séduit en disant : « Le jour où vous mangerez (du fruit défendu), vos yeux s’ouvriront et vous serez comme D.ieu, connaisseurs du bien et du mal » (Gen. 3 :5). Et ils en vinrent à en consommer. L’homme veut ressembler à D.ieu, veut savoir, veut posséder la connaissance du bien et du mal et ne veut pas se soumettre à la Volonté de D.ieu. Voici en quoi consistait la faute d’Adam, semblable à celle du veau d’or.
C’est pourquoi, D.ieu nous donna la Mitsva de la vache rousse. Intrinsèquement, cette Mitsva est totalement et absolument irrationnelle. Elle n’a vraiment aucune explication logique. Cependant, lorsque les Juifs la mettront néanmoins en pratique, par là même, ils montreront qu’ils accomplissent l’ordre de D.ieu même sans comprendre.
L’humilité et la soumission accompagnant le respect de la vache rousse peuvent réparer l’orgueil et la mise en valeur de soi qui accompagnait le veau d’or.
Une telle approche de soumission et d’humilité face à la Parole de D'ieu, pouvait contrebalancer l’approche ambitieuse des Hébreux qui, désirant tout comprendre et rationaliser, se firent un veau d’or. C’est en cela que la vache rousse répare la faute du veau d’or. L’humilité et la soumission accompagnant le respect de la vache rousse peuvent réparer l’orgueil et la mise en valeur de soi qui accompagnait le veau d’or. De cette façon, la mère (la vache) pouvait nettoyer la faute du fils (le veau). Car, l’intelligence de l’homme atteint sa plénitude lorsqu’à un moment, il reconnaît ne plus pouvoir comprendre et devoir accepter la Volonté de D.ieu, lorsqu’il comprend ne plus pouvoir comprendre. Tel est l’apport de la vache rousse pouvant faire réparation du veau d’or.
D’ailleurs, c’est pour cela que la purification par la vache rousse était obtenue à partir de ses cendres. Les cendres évoquent l’humilité, à l’instar d’Abraham qui affirma : « Je suis poussière et cendre » (Gen. 18 :27).
Ce système là convient parfaitement pour purifier de l’impureté causée par la mort. Car, rappelons-le, la mort est la conséquence directe de la faute d’Adam. Et qu’au moment du don de la Torah, la mort disparut. Elle réapparut après la faute du veau d’or. La faute d’Adam et celle du veau d’or sont bien à l’origine de la mort.
Mais, l’extrême humilité accompagnant la vache rousse était apte à réparer ces deux fautes dont le point commun était le manque de soumission. C’est pourquoi, l’impureté de la mort se trouve purifiée par les cendres de la vache rousse.
La Torah n’annonce pas la Mitsva de la vache rousse par les mots : « Voici le décret de la vache rousse », mais plutôt par le verset : « Voici le décret de la Torah ». Cela pour montrer que le respect de toute la Torah doit être calqué sur l’image de la vache rousse. Il faut respecter toutes les Mitsvot avec fidélité et humilité, avec une confiance totale en D.ieu, et ne pas trop chercher à vouloir tout comprendre, car les Pensées de D'ieu ne sont pas comme celles de l’homme.
Et même si on arrive à comprendre un peu, ayons l’humilité d’admettre que cette compréhension reste bien limitée face à la véritable motivation divine. De cette façon, même si on ne comprend pas tout, on ne s’arrêtera pas. Au contraire, on continuera à respecter toutes les Mitsvot, conscient qu’elles représentent la Volonté de notre Créateur. De cette façon nous réaliserons le « Nous ferons, puis nous comprendrons ». La faute du veau d’or ainsi que celle d’Adam pourront être totalement réparés. Par cela, le Machia’h pourra enfin venir. Et nous pourrons assister à la réalisation du verset des Prophètes : « La mort disparaîtra pour l’Eternité ». Amen.