Matoth - מטות
Moché apprend que deux tribus et demie préfèrent rester à la périphérie du futur état de Canaan sans traverser le Jourdain. La raison invoquée est le pâturage qui profiterait aux nombreux troupeaux leur appartenant. Moché dans un premier temps s’emporte contre ces « lâcheurs » qui délaissent leurs frères dans la difficile mission de conquérir la Terre Promise. Les responsables de ces tribus promettent à Moché d’envoyer leurs enfants comme éclaireurs avec les troupes des autres tribus jusqu’au jour où la Terre de Canaan sera totalement conquise par le peuple d’Israël. Moché alors permet aux tribus de Réuven, Gad et la moitié de la tribu de Ménaché de s’installer dans les plaines du Bachan.
Les temps modernes, depuis plus de cinquante années, posent un dilemme à toute conscience juive, digne de ce nom qui vit dans la diaspora. Sommes-nous devenus comme les deux tribus et demie de Mattot? Il y a lieu de dire que nous, population juive de la diaspora en termes de chiffre, formons un bien gros troupeau, face à la population israélienne. Nous avons construit des enclos et nous avons bâti des villes. Nous sommes considérés dans nos contrées comme un exemple d’intégration réussie. Nous sommes fidèles aux lois du pays qui nous a accueilli, et nous supportons le poids de cette promesse au détriment, souvent, de nos propres engagements séculaires
Et pourtant, les villes et les états qui nous ont hébergé foisonnent d’histoires les plus terribles à l’encontre de ce peuple qui ne finit pas d’errer. L’Espagne a eu son inquisition, la Russie sa peste et ses pogroms, L’Allemagne, sa solution finale et ses chambres à gaz. Les pays de l’Islam se sont montrés très friands en mesures vexatoires et des bastonnades agrémentées de tueries ponctuelles. Mais le troupeau aime surtout la bonne prairie.
Moché a eu les mots justes pour mettre en garde les deux tribus qui se sont installées en face, le temps de traverser un fleuve. Elles voulaient vivre à l’est du Jourdain et leurs consoeurs à l’ouest. Nous sommes nous mêmes à des kilomètres de notre point de ralliement, même si les moyens de communications sont performants. Il suffit de quelques heures d’avion pour toucher le sol de nos pères. Spirituellement, la séparation peut devenir infranchissable. Les exemples sont légions. Une éducation ratée, et une nonchalance dans nos relations avec le monde environnant, suffisent pour qu’un enfant devenu adulte rejette l’ensemble. Les conséquences peuvent a dramatiques.
Il est temps que le troupeau regagne la maison mère. D. a décidé que le retour de ses brebis se réalise dans les meilleures conditions pour que le Machiah annonciateur de la reconstruction définitive du Troisième Temple, puisse venir.